Pierrot Lunard – Maux d’esprit


Maux d’esprit est un petit bijou. Oui, c’est assez facile de commencer une chronique comme ça, et je pourrais presque m’arrêter à cette constatation brute après laquelle tout autre développement semble superflu. Malgré tout, justifions-nous un peu : pourquoi ce premier album de Pierrot Lunard est-il un coup de maître?

D’abord parce qu’il est d’une déconcertante simplicité : de la chanson tout ce qu’il y a de plus classique. Mais quelle chanson!! Tout y est minutieusement mis en musique : chaque accord tombe pile, les différents instruments dansent harmonieusement autour du thème principal, aucun n’empiètant jamais sur le territoire des autres. Quant à la guitare, pilier de toutes les compositions, elle enchaîne les airs (faussement) simplistes. Les chansons s’écoulent, caressent les oreilles, dorlotent les tympans. Tout en finesse.

Ensuite parce que les textes aussi sont simples mais habilement ciselés. Pierrot Lunard a un joli sens de la rime, de la métaphore, et de la petite phrase qui sonne bien. Ses chansons parlent à tout le monde : elles content des histoires du réel, un peu; d’amour, beaucoup. La nostalgie est bien présente, et développe une certaine complicité avec le public. Pierrot Lunard a une façon bien à lui de nous poser la main sur l’épaule et de nous souffler : “Tu te souviens? Ton premier amour (Karine), ton pote perdu de vue (Lulu), ta dernière cuite (Carré carrément rond), ton ex (Fausse note), tes galères d’argent (Le diable par la queue)?…”

Enfin parce que Pierrot Lunard a la voix qu’il faut pour accompagner ses textes et sa musique : grave et douce, gentiment rocailleuse. Pas très loin de Gainsbourg (jeune), de Miossec, et qui pourtant n’appartient qu’à lui. Avec son timbre bien particulier, il n’aurait sans doute pas passé les sélections d’un reality show musical. On s’en fout, puisque par une étrange alchimie, c’est beau.

Tout ça fait de Maux d’esprit un petit bijou (je n’en démordrai pas) qu’on écoute et réécoute sans la moindre lassitude. Histoire de s’imprégner de l’univers lunaire et doux-amer d’un Pierrot sacrément talentueux.

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Eva Marchal – Paradigme


Avec Paradigme, Eva Marchal signe son troisième album, après Tout le monde le sait et A contre jour. Paradigme (qui peut se traduire par « modèle de pensée » ou plus précisément par « système de représentation largement accepté dans un domaine particulier ») donne l’occasion à la jeune artiste d’affirmer un peu plus son univers électro-pop.

Avec sa petite voix fluette, presque enfantine, mais finalement si féminine, Eva Marchal chatouille agréablement les oreilles de l’auditeur. Un peu de Camille, d’Emilie Simon ou de Mélissa Mars chez la belle Eva Marchal ? Peut-être. Mais la chanteuse est également influencée par la trip-hop, et l’on retrouve chez elle, les choses qui nous plaisent tant chez Feist, Portishead ou Stina Nordentham.

Paradigme invite à la rêverie. La voix d’Eva Marchal et les textes vous touchent en plein coeur. « Près de moi/c’est fou comme tu me manques/si près de moi/et pourtant si loin/je te regarde dormir/quelque part t’enfuir/là, où je ne suis pas » (dans Les yeux grands ouverts). Ou « Tant pis si nos déchirures/me donnent envie/de baisser les bras/Tant pis si jamais rien ne dure/si jamais rien n’est sûr/c’est maintenant/que j’ai envie de toi » (dans Tant pis).

Eva Marchal parle d’amour et de souvenirs. Sur des airs électro, parfois bossa. On s’arrête un instant, on écoute et on se laisse envahir. Et ça fait du bien.

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