La Compagnie du Rêveur – Peaux-Rouges, Fils de la Terre

Depuis plus de 20 ans, la Compagnie du Rêveur parcourt les villes et les salles pour proposer des concerts poétiques d’une humanité et d’une réalité déconcertantes. Le principe est simple et original : mettre en musique et en scène des auteurs dont les textes, parfois oubliés, restent poignants d’actualité et empreints d’une grande sensibilité. Les membres de la CR changent suivant les créations de son fondateur (seul membre permanent) et conteur Elrick Fabre Maigné.

Le spectacle auquel j’assiste est adapté pour le public majoritairement présent dans la salle : les enfants, vacances obligent ! Il s’agira donc d’une version courte de 45 minutes. Sur scène, seulement deux musiciens accompagnent Elrick : Jean-Paul Raffit à la guitare électrique et Dominique Malan aux percussions. Ce dernier utilisera en plus de sa batterie une jarre, un tambour d’eau et des instruments amérindiens traditionnels. Après une brève présentation des objets et des coutumes des « native americans » via des diapositives et des ouvrages amenés par Elrick (nous rappelons que nous sommes ici en mode pédagogique, spéciale dédicace aux enfants), le spectacle commence.

« Peaux Rouge, Fils de la Terre » met en lumière des textes amérindiens. Ils nous emmènent dans les différentes tribus, auprès de Sitting Bull, de Creazy Horse et de bien d’autres. La musique est un hommage à John Trudell, leader spirituel de l’American Indian Mouvement. Aussi, ce sont des accords blues-rock et des sonorités issues de la tradition musicale des Sioux du Dakota qui portent la voix du conteur. Nous revisitons l’histoire tragique de ces peuples, mais aussi leurs convictions et leurs espoirs. Sans jamais caricaturer. Elrick semble comme habité par les textes. Il nous laisse ainsi entrevoir toute sa sensibilité artistique et son amour inconditionnel pour les mots et les gens. Les textes, librement adaptés de la tradition orale amérindienne, parlent à tous : place de l’homme sur terre et revendications écologiques. Les paroles des chefs indiens font sourire et surtout réfléchir : « Lorsque tous les bisons, les aigles et les grizzlys auront disparu, lorsque les forêts auront été coupées et l’eau des rivières polluée d’immondices, ce sera la fin de la vie et le début de la survivance. Qu’est-ce que l’homme sans les bêtes ? Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit. Car ce qui arrive aux bêtes arrive bientôt à l’homme. Toutes les choses se tiennent dans le grand cercle de la vie. »

Ce spectacle est captivant. Il questionne sur notre rôle et notre condition et nous rappelle que les grands thèmes emparés ces derniers temps par les politiques n’ont rien de nouveau. Même s’il invite incontestablement à la discussion, « Peaux Rouge, Fils de la Terres » reste un moment divertissant grâce à une musique entraînante et à une mise une scène originale et collective, caractéristique de ce groupe de musiciens-plasticiens-rêveurs.
A voir, à entendre et à méditer.

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Dr Flake et Wax Tailor à l’Antipode (Rennes)

Ouvrez vos petits cleunaysiens au chapitre Antipode : “Wax tailor is rich”

Samedi 05 mai 2007, Dr Flake et Wax Tailor en concert à l’Antipode : la crème hexagonale de l’abstrakt hip-hop, électro trip-hop pour une session préélectorale bienvenue.
Le premier – avec tee-shirt jaune, ordinateur aux couleurs de bloc opératoire et beaucoup de plaisir – aura joué les médecins pour ouvrir la soirée. Son « Intervention Chirursicale » (album vivement recommandé) a confirmé combien ses arrangements étaient de qualité. C’est du très, très bel ouvrage tout ça. Même s’il faut reconnaître que la prestation live manque un peu de poivre. Un set vidéo aurait été le bienvenu tout comme peut-être un peu plus de jeu avec le public… A noter que celui-ci semblait ne pas trop connaître. Pour preuve les applaudissements ratés au beau milieu de son « Requiem for a drum » la reprise culte du Kronos Quartet. Difficile de mettre le feu dans de telles conditions…
N’empêche que la médecine de Flake est pleine de promesses et nous donnerait presque envie de finir sur le billard entre ses mains habiles.
Quant à la tête d’affiche du jour, elle ne s’est pas contentée de surfer sur la notoriété de « Tales of the forgotten melodies » (estampillé classique 2005)… C’est avec virtuosité qu’elle continue à nous gonfler d’espoir. « Hope & Sorrow » était bien la star de la soirée. Wax Tailor en tête bien sûr mais très bien accompagné. La voix de Charlotte Savary à la timidité gorgée de profondeur ; Marina Quaisse et son violoncelle aux grincements très tailoriens ; Marine Thibault et sa flûte traversière qui dépote à l’arrache (un grand big-up aniMiste pour elle) ; sans oublier les invités featurés sur grands écrans, Sharon Jones la première !

Deux plasmas et une toile blanche reprenaient en fait un visuel de qualité disponible sur le net pour ceux qui aiment surfer alternant les phases trip-hop (avec Charlotte) et les séquences abstrakt hip-hop multipliant les hommages face à un public chauffé à blanc. Un véritable spectacle, un talent d’animateur, du savoir-faire et un engagement politique appuyé. Pas étonnant qu’on nous l’envie le Wax !
Il mériterait d’ailleurs que l’éducation nationale lui consacre ses prochains manuels Anglais. Vous savez : « Wax Tailor is rich »…
🙂 Salutations aniMistes (-:
PS : Monsieur Wax, à quand un cuivre dans votre orchestre ?

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