La Milca – Philosophies de Comptoirs


La Milca navigue entre guinguette et ska

La Milca n’est pas une tablette de chocolat. Le nom est juste sympa. Formation auvergnate née en 2001, La Milca est un de ces groupes qui font la part belle à l’accordéon. Le quintet distille de la chanson rock guinguette pas ringarde, avec de temps à autres une rythmique ska ou un air de java ravigotant qui invite à la fête. D’aucuns reconnaîtront qu’il est en plein dans la lignée de la chanson réaliste des Têtes Raides ou des Hurlements d’Léo.

Sans détoner, le mélange que nous livrent les membres de La Milca est enchanteur. La voix de Jérôme, auteur-compositeur, captive et l’auditoire s’investit ainsi dans les histoires racontées. Les musiciens ne sont pas en reste. Les compositions regorgent de rythmiques ska et charment l’oreille. Accordéon, guitares, trompette, basse, contrebasse, batterie… Amandine, Frédéric, Charly et Laurent marient leurs cultures musicales et permettent l’interaction de plusieurs influences. C’est notamment l’accordéoniste qui a entamé très jeune la pratique de l’instrument dans un contexte auvergnat de musette et apporte la touche guinguette non dénaturée.

Des textes bien écrits et pleins de poésie séduisent l’esprit. Des contemplations du monde qui nous entourent se mêlent à des clins d’œil cinématographiques ou à des références historiques – abordant la nécessaire mémoire citoyenne – et créent tantôt de la mélancolie, tantôt de l’entrain populaire… Le répertoire nous embarque dans un univers de sentiments.

Inscrivez-vous donc aux cours de Philosophies de Comptoirs. Ils vont avoir la cote. Ceux qui habitent dans l’Allier ont rendu leur copie en chantant à l’envi La Milca lors d’un concert à la MJC de Montluçon début décembre 2006. Et paraît-il, le groupe n’a pas son pareil pour chauffer la salle. La Milca continue d’écumer les salles de spectacles après avoir assuré la première partie des grands Mickey 3D, Arno, Les Caméléons, Ramsès, etc.

La sortie nationale du prochain album « Des Fleurs » – un double : CD et DVD live – est prévue en mars-avril 2007. Il s’agira d’un disque gardant la même veine, la même patte « chanson française » avec un peu plus de rock, de sonorités durcies.

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Oscar Matzerath – La Vieille, la Belle et l’Autre


Dehors, la pluie bat le pavé parisien. De toutes leurs puissances, les nuages lâchent leur larmes, pics de cristal. Le vent frappe la nuque, une mèche collée sur le visage, une goutte qui ruisselle, sensuellement, derrière l’oreille… Etroite rue, quartier inconnu, un pub. Soudain, la porte, dans une bourrasque s’ouvre. Tandis que la lune rase la pièce d’un éclair argent, une ombre apparaît. Féminine. Un homme, accoudé au bar, alors se retourne…

Les premières secondes de l’album d’Oscar Matzerath, La vieille, la belle et l’autre, laissent penser à un western parisien : soirée pluvieuse, sombres ruelles, duel amoureux. Une atmosphère fantasmagorique et brumeuse qui restera accrochée aux oreilles jusqu’à la note finale de l’album. Les mélodies d’Oscar Matzerath, et la voix mystérieuse, rauque, caverneuse de son chanteur, rappellent d’emblée les ambiances « cabaret enfumé » de Tom Waits. Un Waits qui aurait rencontré Louise Attaque et quelques personnages burtonniens dans un pub mal famé de la capitale française, pour ensuite terminer sous les ponts de la belle, au bord de la Seine, une nuit de pleine lune. Car c’est aussi au loup-garou de Paris que l’on pense ici. Un loup bien seul, en mal d’amour, un mal qu’il susurre à demi-souffle, à demi-ton, d’une voix brute, incroyablement sensuelle.

Au détour de La vieille, la belle et l’autre, vous rencontrerez guitare sèche, batterie, contrebasse, banjo, mais aussi des instruments plus atypiques tel bandonéon, scie musicale et autre métallophone, mêlés à d’étranges sons d’ambience  le souffle du vent ou le chant des fantômes (?), les complaintes de créatures de la nuit, des bruits de pas et de portes… Magistrale danse que nous livrent là ces outils sonores, comme pour en ajouter encore à l’angoisse des paroles.

Ecouter Le cortège, c’est vous plonger dans le Paris sale des siècles passés, évocation de morts et têtes… de morts, de feu, de flammes, de chiens et de corbeaux, d’une foule hargneuse, de poussière et d’os… Et puis, c’est le clac sourd et régulier du pas des hommes soutenant la tombe, échine courbée, qui résonne durant les cinq minutes et trente secondes que dure le morceau. Cinq longues, lentes et angoissantes minutes… L’ambiance est souvent lourde dans les contes d’Oscar. Noire et pesante, comme si le quatuor s’amusait à nous effrayer. D’autres fois, plutôt que la peur c’est la folie qui nous capture : lorsque les cordes s’électrisent pour créer un tourbillon grisant. Enivrant.

Plus encore qu’un simple groupe parisien, Oscar Matzerath forme une véritable troupe de conteurs, créateurs de sombres histoires à faire peur. Diseurs d’étranges tranches de vie, de cruels évènements venus d’autrefois. Car, d’emblée, ces quatre artistes passent pour être les dignes maîtres d’une machine à remonter le temps. A se mettre hors du temps.

Sorcellerie, feu et flammes, crimes et sang, fantômes de fillettes et nuits d’orage, fleurs fânées, noirs pétales, corps et cœurs souillés. Tels de majestueux Baudelairiens du XXI ème siècle, les sorciers d’Oscar Matzerath sauront hanter vos lentes soirées d’hiver : blottis au coin du feu, par instant votre peau frissonnera, votre cœur se glacera, votre esprit s’en ira…

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