Les Vieilles Pies – Utopies de comptoir…


En écoutant le premier album des Vieilles Pies, difficile de croire que les membres du groupe n’ont qu’une vingtaine d’années, tant les morceaux sonnent « pro ». On aurait plutôt tendance à imaginer des musiciens qui ont roulé leur bosse et finalement décidé de se poser là un petit moment pour se reposer un peu et pour jouer un morceau.

Chaque musicien des Vieilles Pies vient d’un univers musical différent. Klezmer, yiddish, classique, funk ou musette se mélangent joyeusement. Nous, auditeurs, passons de la chanson française façon les Ogres de Barback, à un petit air de fado et sautons à pied joint dans une farandole d’accordéons et de percussions, dans La crise du narcissique, avant de découvrir un petit air de tango bien caché, sur La coccinelle.

Utopies de comptoir… est un melting pot musical qui semble joyeux, de prime abord. De prime abord, car à force d’écoute, les titres d’Utopies de comptoir… prennent une autre dimension. Plus nostalgique, plus grave. Les trompettes se font soupirs sur L’emmerdeur et Ton anniversaire sonne presque comme un regret. La voix de Gabriel Saglio n’est pas étrangère à cette atmosphère presque paradoxale. Comme si l’on voulait faire la fête pour ne pas oublier. Ne pas oublier qu’on est bien ensemble, ne pas oublier toutes les choses qu’il reste à faire. « Demain est si vite aujourd’hui / Ainsi va la vie » (Ton anniversaire).

Les chansons des Vieilles Pies nous racontent des histoires, mais ce sont les nôtres qu’elles racontent. Et c’est pour ça qu’on les aime bien. « Ce mélange des classes / Où toutes différences s’effacent / Cette musique qui ensorcèle / Rapproche tout autour d’elle /Mais mon Dieu, vu d’en haut / Que les hommes sont beaux / Dans l’ivresse d’un samedi soir / Bulle de bonheur illusoire. » (Samedi soir)

Utopies de comptoir… est un album qui donne envie de danser et d’aller voir ses amis, « d’un simple battement d’ailes »…

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Ministère Magouille – En Campagne


Amoureux d’envolées lyriques, de poésie inspirée, d’accords de harpe harmonieux… Passez votre chemin! Chez les ministres les plus atteints de la musique hexagonale, quand on part En Campagne, c’est plus souvent pour dérider les zygomatiques (au forceps s’il le faut) que pour pousser à la réflexion citoyenne. De fait, chaque rencontre “live” avec leur électorat est un grand moment. Qu’en est-il sur CD?

Tout va bien : cet album est une excellente surprise. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les résultats au sortir des urnes. Bien tassé sur la petite galette numérique, on trouve au moins 80% de l’incroyable tonus scénique du Ministère Magouille (mieux que dans les sondages). Il faut dire aussi que les (très bons) enregistrements live obtiennent bon nombre de sièges sur l’album. La joyeuse débilité assumée du groupe est bien là, d’abord dans les paroles à mourir de rire dans 75% des cas, mais aussi dans les 10% de petits à-côté dispersés ici et là comme autant de mini-sketchs qui arrachent souvent un sourire, même passé l’effet de surprise. Chaque chanson est une petite histoire bien frappée : Sophie la chauve-souris myope comme une taupe, sauf sous l’emprise de produits stupéfiants (Hirsutisis chauveam sourisium), les souvenirs des Années Lycées où on faisait du punk pour balancer sur la prof de mathématiques, le chasseur qui “camoufle sa connerie sous des habits kakis” (Born Tobi), le videur auto-proclamé “roi de la fin de semaine”, et bien entendu le Ministère Magouille où “on s’en fout plein les fouilles”… Bref, “on réfléchit pas, c’est rock’n’roll”. Mais qu’est-ce que c’est bon de laisser son cerveau au vestiaire de temps en temps!

D’autant que le groupe ne se contente pas de jouer la carte du délire : musicalement, c’est tout aussi bon. En écoutant l’album à fond dans l’appart, on se surprendrait presque à organiser un mini-pogo en solo sur certains titres qui bougent “comme en vrai”. Au fil des années et des concerts par centaines, le Ministère a forgé son propre style, en piochant à droite et à gauche (oui, encore une métaphore électorale; promis, c’est la dernière) pour constituer un programme (désolé) original et convaincant. L’ensemble est plutôt rock, avec des petites touches de ska, reggae, chanson, j’en passe et des meilleures. C’est donc non seulement drôle, mais aussi fort agréable à écouter.

Un album bien rempli, pêchu, et qui n’a pas à rougir des géniales performances scéniques de Ministère Magouille.

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