La loose, ça le connait. Non pas que Mr Roux soit lui-même un loser (on ne se le permettrait pas), mais tout de même, à écouter ses chansons, on sent qu’il a sacrément étudié la question. Chaque fois, il se paye le portrait des êtres humains qui l’entourent, pathétiques, méprisables, souvent attachants, parfois franchement détestables, tout ça avec un réjouissant souci du détail qui fait mal. Quand il ne se glisse pas carrément dans leur peau pour mieux mettre en relief leurs défauts (Ah si j’étais grand et beau, Le bouffon de la cité).
Le bonhomme a la langue bien pendue. Paroles parfois assez crues, argot à foison, et une certaine façon bien à lui d’appeler un chat un chat : une fois le CD confortablement installé dans sa chaîne hifi, on aura tôt fait d’éloigner les oreilles délicates. Et alors? Tant pis pour eux. Parce que les textes font mouche. Parce que, quelque part, on peut tous se reconnaître dans un des personnages célébrés par Mr Roux. Parce que c’est souvent très drôle. Et surtout, parce qu’au-delà du rire, on devine un véritable amour pour ses têtes de turcs. Après quelques écoutes, on attend même certains passages avec un sourire en coin, guettant la vanne qui nous permettra de nous venger mesquinement d’une Petite pouff, d’un Homme ordinaire ou d’un Petit rasta.
Musicalement, on n’est pas en reste. En passant de la scène au support numérique, les chansons de Mr Roux ont perdu l’aspect “brut” (qui avait certes un certain charme) et se sont affinées, en ajoutant de ci de là quelques influences au-delà des poncifs de la chanson française. Un peu de blues par ici, de bossa par là, coktail de guitare, contrebasse, banjo, percussions diverses et variées, bref un fond sonore aux petits oignons si on choisit de ne pas écouter les paroles, mais surtout un parfait écrin pour les textes qui ressortent d’autant mieux que la musique est bonne (bonne, bonne, bonne).
Amateurs de paroles bien pensées, d’humour noir ou de rire jaune, d’accords de guitares sympathiques, Ah si j’étais grand et beau est fait pour vous.
